A savoir sur les origines du Qi Gong

Est-ce que le Qi Gong est chinois ?

Il y a quelques jours sur Facebook, j’ai reçu un commentaire qui ne m’a pas fait plaisir ; mais qui m’a fait réfléchir… C’est souvent comme cela que ça se passe.

Une personne a écrit (en substance) :

« Le Qi Gong est chinois, pas japonais » suivi de
« la pleine conscience c’est du bla-bla pour vendre sa marchandise ».

Quand on voit écrit : « Kiko Zen, Qi Gong japonais et pleine conscience » je suppose que c’est légitime de se poser la question sur la véracité ou l’origine.

Je suppose que beaucoup de personnes qui n’ont pas eu l’occasion de pratiquer avec moi peuvent s’interroger.

J’ai répondu à cette personne : Oui, le Qi Gong est chinois.

Un Qi Gong peut-il être japonais ?

L’un n’empêche pas l’autre :

Dans notre esprit conditionné, logique et cartésien, si une chose est vraie, alors son opposé est faux, voire ce qui est différent est faux aussi.

Dans ce qui a trait au vivant, c’est tout à fait différent, les choses sont plus inclusives, ce qui parait paradoxal contient souvent une vérité profonde, l’analogie devient plus souvent la règle que la pure logique. (Ex : « Les premiers seront les derniers et beaucoup de derniers seront les premiers »).

C’est ainsi que les grands sages et enseignants ont souvent dit une chose et son contraire pour ouvrir notre esprit à des compréhensions nouvelles et plus élargies.

Quand je parle du Kiko Zen, je ne parle pas du Qi Gong mais d’un Qi Gong.

J’utilise le mot Qi Gong comme un nom commun qui m’aide à définir d’une manière plus compréhensible par le public cette pratique énergétique. C’est d’ailleurs exactement ce que signifie Qi Gong : Qi (énergie) Gong (pratique ou maitrise).

De la même manière il est évident à tous que le Yoga est indien ; mais les mots yoga et yogi peuvent être utilisés pour définir une pratique d’accomplissement.

Les bouddhistes tibétains parlent de Milarepa comme un des plus grands yogis du Tibet car c’était un grand méditant et enseignant qui avait atteint un haut niveau de réalisation. Ils ne veulent pas dire que Milarepa était un pratiquant du yoga indien sous la forme corporelle à laquelle nous pensons en premier.

Alors oui, le Qi Gong est chinois (et il en existe différentes sortes) et il est possible de pratiquer un ou des Qi Gong japonais.

Le Qi Gong est-il une pratique corporelle ou spirituelle ?

A nouveau, nous pouvons tomber dans le piège du ou bien – ou bien.

Le Kiko Zen, est fondamentalement pour moi, tel que je l’enseigne aujourd’hui une pratique spirituelle qui inclut le corps et le souffle, mais je pourrais tout aussi dire que c’est une pratique corporelle et énergétique qui inclut notre Esprit.

Dans un cercle, il n’y a ni début, ni fin, on peut entrer par l’endroit que l’on souhaite, c’est la même chose pour le Kiko Zen et tant mieux !

Les échanges culturels entre en Chine et Japon :

Depuis des siècles les chinois et japonais ont eu des échanges au niveau :

  • De la médecine
  • Des arts
  • De l’écriture
  • De la philosophie
  • De la religion
  • Et bien sur des arts martiaux

Tout en restant fidèles à leurs origines, les japonais ont intégré énormément d’influences chinoises dans leur tradition.

Le terme Do qui suit la plupart du nom des arts martiaux japonais (judo, kendo, kyudo) vient du mot Tao (qui se prononce Dao). La notion de Voie (Tao) qui est chinoise a été totalement intégré dans les arts martiaux.
C’est cette philosophie alliée au Bouddhisme et au Shintoïsme qui a transformé les techniques brutales guerrières des samouraïs en véritables arts au service du développement de l’Être (ref : Taisen Deshimaru).

En Chine même Taoïsme et Bouddhisme se sont influencés et apportés ; bien qu’ils se soient combattus vivement à certaines périodes, plus sur des enjeux politiques que philosophiques.

L’origine de la « Pleine Conscience »

Le terme « pleine conscience » est la traduction du mot Pali (langue du Bouddha Sakhiamuni) « Sati ».

Nous avons eu en France l’immense chance pendant de très nombreuses années d’avoir la présence de Thich Nhat Hanh, moine, maître et enseignant bouddhiste vietnamien qui a mis la pleine conscience comme élément central des enseignements du Bouddha.

C’est fondamentalement l’état de présence profonde, de vigilance à ce qui est là pour nous, ici et maintenant.

Thich Nhat Hanh, peu de gens le savent, était de la lignée du Bouddhisme Zen.

Le mot Zen (qui signifie méditation) est donc lié à la notion de pleine conscience qui est accessible via la méditation mais surtout consiste en une manière d’être ou une connexion avec l’Etre.

Personnellement, ce n’est que bien des années après avoir connu la méditation et les enseignements de Thich Nhat Hanh que je suis devenu enseignant diplômé pour les programmes MBSR (méditation de pleine conscience pour la réduction du stress développé dans les années 1980 par le Dr Jon Kabat Zinn).

Tous ces enseignements ont bien sûr enrichi ma pratique personnelle et la manière dont j’enseigne.

Ils m’ont aussi permis de me rendre compte que ces enseignements sont fondamentalement inscrits dans la pratique du Kiko mais aussi des arts martiaux.

Art Martiaux et Bouddhisme

Quand j’ai commencé les arts martiaux à 23 ans dans l’école Kamakura, j’ai pratiqué le Bozendo (bâton long) et tous les fondements du Kiko (qui ne portait pas ce nom). Mon instructeur originel, Senseï Christian Saguer (5em Dan International) enseigne cette discipline sous le nom de « Yo In Taiso », ce qui n’est pas vraiment compréhensible par un non initié.
Le terme Kiko (Qi Gong en Japonais) comme on l’a vu, est bien plus signifiant.

Au départ je n’avais pas d’attirance particulière pour le bouddhisme.  Cependant, bien des années après, je me suis aperçu que les arts martiaux japonais m’avaient inconsciemment reconnecté au bouddhisme dès l’âge de 26 ans.

A partir de la trentaine, j’ai commencé à suivre des enseignements en plus des lectures.

Depuis une quinzaine d’années j’ai suivi de nombreuses retraites, enseignements, pris refuge et reçus des initiations auprès de grands maîtres et enseignants : SS le Gyalang Drukpa, SS le Dalaï Lama, Beru Khyentsé Rinpoché, Kandhro-La …

Ces enseignements ont naturellement transformé ma manière de vivre, d’être en relation avec le monde, avec moi-même et ont infusés progressivement ma pratique du Kiko et la manière dont je le transmets.

Chenrezi Bodhisattva de la compassion

Quand les obstacles deviennent des opportunités :

J’enseignais cette pratique sous le nom simple de Kiko.
Avec les confinements et la fermeture des salles je me suis décidé à mettre en place un site internet et puis des cours en visio. J’ai cependant résisté à cette option pendant des mois.

Quand j’ai voulu acheter le nom de domaine Kiko.fr, je me suis rendu compte que tous les noms de domaines Kiko appartenaient à une marque de maquillage du même nom !!! Catastrophe.

J’ai alors décidé de nommer le site et la pratique Kiko Zen pour justement faire ce rappel à la méditation, au bouddhisme et à ce qu’il m’a apporté ainsi qu’aux arts martiaux japonais.

Ce n’est que quelques temps après que j’ai vu cela comme une évidence et une chance de pouvoir mettre en avant l’aspect méditatif et pleine conscience de cette pratique.

Ce n’est que plus tard, que l’on voit qu’il n’y a pas de hasard quand nous sommes dans notre voie juste.

Tout est là pour nous guider vers ce qui est le mieux pour nous.

Parfois nous résistons à un obstacle ou un changement pendant une longue période et nous ne voulons pas voir la magnifique opportunité qui se présente. Nous nous accrochons à nos certitudes et notre passé au lieu de lâcher prise et de nous laisser guider.

Cette voie du lâcher-prise fait également partie de la pratique du Kiko Zen. Je l’apprends encore, parfois à mes dépends.

Merci pour vos commentaires. Fabrice

Image de Fabrice Buonanno

Fabrice Buonanno

Je pratique et j’enseigne le Kiko depuis plus de 30 ans
Le Kiko (Qi Gong en japonais) est issu des pratiques internes des arts martiaux japonais et a pour but d’harmoniser le corps, le souffle (respiration, énergie) et l’esprit.
Le Zen et le Shinto ont considérablement influencé les arts martiaux japonais et en ont fait une Voie vers l’Unité.
Le Kiko intègre naturellement ces influences et peut être considéré comme une méditation en mouvement qui nous plonge avec douceur et intensité dans la conscience du moment présent.
J’ai enrichi depuis 30 ans ma pratique personnelle par des enseignements sur les philosophies et pratiques orientales, Taoïsme, Bouddhisme, Yoga, Védisme, arts martiaux.
J’enseigne en salle, je donne des cours en ligne et j’organise des stages à Montpellier, Paris et l’été dans les Cévennes.

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Cet article a 2 commentaires

  1. Hervé Desormeaux

    Je n’avais pas encore lu cette page ni vu le commentaire dont tu parles mais dire que le qi gong est chinois, oui si l’on s’en tient au nom ! Quant à la pratique par elle même, elle vient des 4 coins de l’Asie au gré des annexions, des invasions ou même de simples voyages de personnes curieuses. Quant à l’assimilation de la pleine conscience a du baratin commercial cela ferait quelques siècles que cela durerait ! L’ignorance est parfois agaçante ! 😊🤝

  2. Marina Slobodskoy

    Merci Fabrice,
    Oui, les choses sont toujours bien telles qu’elles sont, et tout est leçon, j’en suis aujourd’hui convaincue, au point que dès qu’une « tuile » survient dans ma vie, même si je rage 5 mns, tout de suite derrière me vient la question : « Bon, alors , c’est pour m’apprendre quoi, cette histoire ? ». Cette conscience vient grâce et avec le travail du corps, qui semble moins buté que notre mental et qui est là pour nous aider dans ce travail (même -voire surtout- lorsqu’il nous « trahit » !).
    Merci de partager tes réflexions avec nous, j’ai découvert tout récemment ton site grâce à FB !
    Marina.

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