Apprendre par l’imitation : Les neurones miroirs !

J’ai toujours regardé mes enseignants effectuer des gestuels avec une grande attention pour ensuite reproduire leurs gestes.
Est-ce qu’apprendre par l’imitation est la meilleure des méthodes dans les arts martiaux ?

Que savaient intuitivement les maitres d’arts martiaux que la science a « découvert » il y a quelques années ?

Dans cet article vous pourrez comprendre le rôle de l’imitation, de l’observation, de l’attention, de la répétition dans l’apprentissage des approches corporelles et du KikoZen.

Enseigner en démontrant

Dans la plupart des Dojo, les mouvements sont d’abord effectués par l’enseignant ou les gradés devant les pratiquants assis immobiles.

Il n’est pas question pour les pratiquants de bouger ou d’effectuer le mouvement en même temps ou avant que la démonstration soit terminée.

  • Cette démonstration est répétée plusieurs fois.
  • Parfois dans plusieurs directions.
  • Par la suite les pratiquants peuvent commencer à s’entrainer à reproduire le geste et le répéter de nombreuses fois.
apprendre par l'imitation
Ito Senseï

L’observation :

J’ai toujours observé très attentivement mes enseignants dans tous les sports et notamment les arts martiaux.

Cette observation m’a permis de développer :

  • La capacité de reproduire précisément leurs gestes
  • De garder une image mentale de leurs mouvements un peu comme un film au ralenti.
  • D’écouter le ressenti dans mon corps pendant que je faisais les gestes pour savoir si cela correspondait à l’image mentale enregistrée.
Cette dernière phase est très importante car nous allons à la fois porter une attention sur l’extérieur (le mouvement, le corps et la forme qu’il prend) mais aussi sur l’intérieur à savoir le ressenti de ce qui se passe en moi à ce moment, qui va progressivement s’ajuster au ressenti de la personne qui démontre le mouvement.

Je garde aujourd’hui encore des images très nettes de mon premier instructeur de Kiko (Christian Saguer).

Christian Saguer

Apprendre par l’imitation :

  • Elle fait suite à l’observation.
  • Elle fait appel à la mémoire visuelle et kinesthésique (c’est à dire du mouvement dans le corps).
  • C’est la phase où nous reproduisons le mouvement, la position mais aussi ou inconsciemment nous venons modifier notre attitude intérieure, notre prédisposition pour venir nous rapprocher de ce qu’émane la personne qui est notre exemple.
  • Mais aussi l’imitation fait appel à une capacité incroyable de notre cerveau que des scientifiques italiens ont découvert par hasard dans les années 1990 : Les neurones miroirs.

LES NEURONES MIROIRS

Chaque fois que nous effectuons une action, un mouvement avec notre corps, certaines parties du cerveau « s’allument », des neurones s’activent.

Ce qu’on découvert les scientifiques grâce aux techniques de scanner du cerveau c’est que quand nous observons une personne effectuant un mouvement, les mêmes neurones qui nous servent à effectuer cette action s’activent en nous, de là le qualificatif « miroir ».

Quel est le rôle des neurones miroirs ?

Le rôle principal des neurones miroirs est donc de comprendre les gestes moteurs effectués par autrui en les comparant à notre répertoire moteur propre.

Voir une vidéo de l’Inserm sur les neurones miroirs.

L’importance de la pratique

L’activité de ces neurones miroirs est en étroite corrélation avec le degré d’habileté.

Plus nous maîtrisons une action, plus notre système miroir s’active lorsque nous l’observons chez quelqu’un d’autre.  Il faut voir et agir pour développer notre acquisition.

  • Apprendre par l’imitation est un processus très avancé et complexe.
  • Il fait appel à un de nombreuses connexions dans notre cerveau.
  • Observer pour reproduire, imiter pour apprendre est un processus d’apprentissage primordial.
  • Cela remet en avant l’enseignement par l’exemple et la pratique, plutôt que par le langage. Plus besoin d’expliquer longuement ou de s’évertuer à essayer de faire comprendre en parlant et répétant, il suffit de montrer une action, un mouvement, une attitude et de laisser à l’autre la possibilité de reproduire cette action à sa manière. Naturellement il va venir calquer sa manière de faire et son attitude sur ce qui lui a été montré.
  • Pour les scientifiques en neurosciences, l’idée très répandue que notre cerveau fonctionne uniquement par déductions logiques et cartésiennes compliquées est devenue obsolète.

Le rôle de la répétition

Dans les arts martiaux, le KikoZen, nous répétons de nombreuses fois le même mouvement à la suite mais aussi d’un cours à l’autre.

Apprendre par l’imitation, ne nous affranchit pas de la répétition et de son rôle primordiale pour que l’imitation soit de plus en plus parfaite.

Sur le plan biologique, apprendre est une affaire de connexions.

Lorsque nous sommes face à une information nouvelle, certains de nos neurones vont s’associer pour créer de nouvelles connexions synaptiques, comme si l’on construisait des routes pour relier plusieurs villes.

Quand de nouvelles connexions sont établies, répéter et réviser l’information renforce ces connexions, ce qui permet de la placer dans la mémoire à long terme.

Ce que l’on appelle aussi la mémoire corporelle.

L’autre vertu de la répétition

 La répétition d’une information nous permet d’y avoir accès plus rapidement, ce qui diminue la charge cognitive.

C’est-à-dire que plus une information a été répétée et moins nous fournissons d’effort ou d’énergie pour nous en rappeler et mobiliser notre cerveau pour effectuer cette action.

Cela devient comme une seconde nature, nous n’avons plus besoin de faire un effort conscient.

On retrouve ce processus dans la phrase bien connue des maitres d’arts martiaux :

Apprendre la technique
Maîtriser la technique
Oublier la technique.

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Image de Fabrice Buonanno

Fabrice Buonanno

Je pratique et j’enseigne le Kiko depuis plus de 30 ans
Le Kiko (Qi Gong en japonais) est issu des pratiques internes des arts martiaux japonais et a pour but d’harmoniser le corps, le souffle (respiration, énergie) et l’esprit.
Le Zen et le Shinto ont considérablement influencé les arts martiaux japonais et en ont fait une Voie vers l’Unité.
Le Kiko intègre naturellement ces influences et peut être considéré comme une méditation en mouvement qui nous plonge avec douceur et intensité dans la conscience du moment présent.
J’ai enrichi depuis 30 ans ma pratique personnelle par des enseignements sur les philosophies et pratiques orientales, Taoïsme, Bouddhisme, Yoga, Védisme, arts martiaux.
J’enseigne en salle, je donne des cours en ligne et j’organise des stages à Montpellier, Paris et l’été dans les Cévennes.

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Cette publication a un commentaire

  1. boyer

    oui;il faut que cela devienne naturel sens réfléchir;plus on pratique au long des années;cela s’inscrit dans la mémoire et devient réflexe comme marcher ou respirer.méme si on arréte de pratiquer quelques mois ou années;on le pratique dans le quotidien sans nous en rendre compte;je parle en connaissance personnelle;. si on prend de mauvaises habitude c’est difficile de ce reprogrammer mais on peux y arriver;;patience patience patience. mon point de vue…
    MICHEL

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