l'énergie suit la pensée

L’énergie suit la pensée

Régulièrement pendant les cours de KikoZen vous pouvez m’entendre dire : « L’énergie suit la pensée ».

J’ajoute généralement : « L’énergie suit la pensée, le souffle, le mouvement »

C’est une des grandes lois de l’Univers. Elle est valable sur différents niveaux de conscience et ses implications sont innombrables.

En Kiko pendant chaque exercice, nous harmonisons le mouvement, la respiration et la visualisation ou l’intention du mouvement.

 Ainsi, nous appliquons concrètement le principe : « l’énergie suit la pensée, le souffle, le mouvement ».

Le mouvement et la respiration pour nous concentrer

Le mouvement et la respiration sont des aides ou des vecteurs pour canaliser notre pensée.

Le mental est par nature volatile, changeant, instable. Près de 90 000 pensées par jour sont produites dans notre mental.

 C’est pourquoi en portant délibérément notre attention sur le mouvement et la respiration, nous allons canaliser le mental, l’apaiser puis progressivement lui permettre de se concentrer.

 Cette phase est très importante.

 Pour les personnes qui ont des difficultés avec la respiration, le fait d’harmoniser le mouvement et la respiration va permettre de respirer plus posément, plus profondément, plus amplement. Quand la respiration s’apaise, le mental se calme aussi.

 Pour résumer :

  1. Le mouvement permet de progresser dans la pratique de la respiration et de mieux contrôler notre souffle. Par exemple inspirer en levant les mains et expirer en balayant vers le bas
  2. Quand le mouvement et la respiration sont associées dans la tranquillité, l’esprit se calme, puis peut se concentrer.

L’esprit s’harmonise avec le mouvement et la respiration et l’énergie suit la pensée le souffle le mouvement. Le mouvement et la respiration sont donc très importants cependant :

 Au final, c’est l’esprit qui a le dernier mot.

En effet, supposons que nous fassions un mouvement d’ouverture parfait, avec une respiration tout à fait coordonnée et qu’à ce moment, notre esprit s’échappe en pensant à la liste de courses que nous devons faire, alors l’énergie ne circule pas dans le mouvement, il sera vide.

 

 C’est parfois ce que l’on ressent de certains danseurs, chanteurs ou artistes martiaux, il manque de la présence ou du sentiment. En fait, l’esprit n’est pas là.

Taisen Deshimaru : "pensez avec tout le corps"

La loi « l’énergie su la pensée » est magnifique mais aussi impitoyable

Quand notre esprit est divisé, ambivalent, ou dispersé, l’énergie aussi se disperse : Nos projets n’avancent plus, nous sentons de la résistance intérieure, les obstacles se multiplient et nous nous épuisons.

 

L’énergie suit la pensée sans mouvement

En utilisant le principe l’énergie suit la pensée, nous pourrions tout aussi bien faire circuler l’énergie dans notre corps (et au-delà) sans faire un seul mouvement.

 Si notre esprit est suffisamment formé et stable, suffisamment entraîné, alors il est possible de conduire l’énergie dans le corps par la pensée ou la visualisation sans aucun mouvement.

Il existe de nombreuses histoires (et pas que des légendes) dans les arts martiaux qui relatent des faces à face entre maître d’arts martiaux, de sabre ou autre, ou les deux opposants reste totalement immobiles l’un face à l’autre.

Aucun mouvement, respiration presque imperceptible.  Tout se joue dans l’esprit et dans l’énergie.

 Il y a une véritable rencontre au-delà des mots, du physique.  À la fin il peut y avoir juste un salut. Chacun sait s’il y a eu égalité ou si l’un s’avoue vaincu.

Mon premier instructeur m’a dit un jour, en plein cours, alors que nous faisions des exercices en groupe.” tu vois tout ça ?  On pourrait faire la même chose sans bouger”, ça m’a marqué.

 

La visualisation, un outil merveilleux

 Dire à une personne de faire circuler l’énergie à travers son corps, ses jambes, ses pieds, peut être quelque chose de naturel chez des asiatiques, mais cela reste assez mystérieux ou étranger pour la plupart des pratiquants occidentaux et particulièrement pour les débutants.

En Kiko, nous utilisons le merveilleux outil de la visualisation.

  • Visualiser ne veut pas dire voir, ni imaginer. 
  • Nous sommes tous capables de visualiser.

 Il s’agit d’amener une image mentale devant soi, dans notre esprit ou dans notre corps.

 Par exemple, si je visualise mon corps comme un arbre, avec mes jambes comme les racines qui descendent dans la terre, je peux alors visualiser l’énergie, la force que capte l’arbre dans la terre par les racines. Et ainsi faire remonter l’énergie de la terre à travers le bas de mon corps.

C’est efficace, c’est simple. Cela donne un cadre et un support à ma pensée, donc à l’énergie.

Dans le bouddhisme Tibétain (Mahayana) et tout particulièrement dans la branche du Vajrayana (véhicule du diamant, auprès de laquelle j’ai reçu plusieurs initiations majeures) les pratiques utilisent ce que l’on appelle la méditation sur les divinités.

Ces méditations utilisent des visualisations très précises pour amener dans l’esprit et vers le corps les qualités, vibrations, et énergies spécifiques à ces aspects des Bouddhas ou Bodhisatvas.

Il s’agit de la pratique nommé Tantra souvent associé à la connaissance et pratique des Mantras.

SS le Gyalang Drukpa Pratique tantrique avec les ornements de Naropa

Est-il important de ressentir l’énergie ?

 De mon point de vue, pas vraiment.

 Attention, je ne dis pas que ce n’est bien de ressentir l’énergie et sa circulation. Il y a même des exercices où nous venons développer notre ressenti. En tant qu’enseignant, je souhaite juste rappeler que ce ne doit pas être un point de focalisation pendant la pratique.

Le point de focalisation c’est notre esprit. Là où vont nos pensées, là ira l’énergie, peu importe que l’on ressente ou pas ce qui se passe.

 S’il y a du ressenti c’est bien. S’il n’y a pas de ressenti OK c’est parfait aussi. L’important est de ne pas chercher ou attendre quoi que ce soit. Juste pratiquer avec sincérité.

Je me souviens du Gyalang Drukpa (à la tête de la lignée du Vajrayana du bouddhisme tibétain) qui lors d’une retraite rappelait que les Occidentaux sont toujours à la recherche d’expériences fortes, puissantes, de ressenti de l’énergie, etc…

Il a dit : « moi je ne ressens rien. Je pratique, je médite, j’entraîne mon esprit, je me tourne vers le Dharma (les enseignements du Bouddha) et j’essaie de devenir une meilleure personne, plus aimante et compatissante ».

Je ne pourrai dire mieux pour la pratique du Kiko. 

 

Le corps aide aussi notre esprit

 Quand notre corps prend une posture, cela a un effet sur notre esprit. 

Le regard vers le bas, les épaules à l’intérieur, le dos courbé, les pieds qui traînent et on peut très vite ressentir de l’abattement, de la fatigue, une démotivation.

Redresser la tête, se tenir droit, le regard au loin, la force dans les jambes et on ressent de l’élan, de l’entrain. C’est beaucoup plus difficile de se sentir déprimé.

Aoki Hiroyuki, le fondateur du Shintaïdo, a affirmé : “ le corps est un message de l’univers”.

Cela fonctionne également dans l’autre sens “ le corps envoie un message à notre esprit et à l’univers” chaque fois que nous faisons un mouvement où que nous adoptons une posture avec une grande présence et conscience.

Dans Taimyo Kata, Ito Senseï nous dit que l’on utilise le corps comme un “Mudra”, c’est-à-dire comme une antenne qui émet et reçoit des informations dans l’univers.

En savoir plus sur Taimyo Kata et Ito Senseï en France.

Dans le Zen on dit que la posture est satori, c’est-à-dire que la posture juste, identique ou le plus proche de celle du Bouddha va créer progressivement dans notre esprit les mêmes conditions qui ont amené l’éveil du Bouddha.

Cela paraît insensé à première vue, mais en pratiquant régulièrement et en améliorant notre posture dans cette « imitation » du Bouddha on peut réellement sentir des progrès et des effets dans notre pratique.

 

 L’harmonie corps souffle esprit

 Le Ki ou Qi (prononcer Tchi) ou prana est tout à la fois Souffle, Respiration, Energie.

Les trois sont intimement liés et comme trois parties d’un cercle chacun est en inter-relation avec les autres. On peut accéder à n’importe lequel de ces aspects par les autres. 

Le Ki est en relation avec notre corps et notre esprit. Le but de la pratique est une harmonisation de ces 3 éléments.

Dans le livre « Conversations avec Dieu », on retrouve l’idée que si nous voulons changer nos comportements et notre relation au monde, il faut changer nos croyances, la façon dont nous pensons. Mais si nous n’arrivons pas à changer notre manière de penser (qui est trop figé par les habitudes ou la peur) alors nous pouvons tout aussi bien faire une action qui reflète une nouvelle croyance (un acte de foi) sans réflexion mentale et observer ce qui se passe.

 Progressivement les actions par le corps et leurs résultats vont venir positivement influencer notre façon de penser. En répétant ses actes, nous allons donc changer notre système de pensée en introduisant un nouvel espace dans le champ des possibles. C’est parfois une excellente solution. 

Ici c’est donc le corps, par l’action qui va « diriger » la pensée.

La prédominance de l’esprit n’exclut pas les autres éléments.

L’énergie suit la pensée le souffle le mouvement.

La pratique du souffle (Qi Gong) est un art de l’esprit et du corps en harmonie.

Dans la tradition indienne (ou védique) cette harmonie est symbolisée par l’union de Shiva – Shakti, la Conscience suprême et l’Energie pure.

C’est donc tout naturellement que le Seigneur Shiva est considéré comme le Dieu du Yoga.

Shiva en posture de Yoga

La puissance de la pensée

 « L’Univers est mental, le Tout est Esprit »

 C’est la loi essentielle de la philosophie hermétique (Hermès Trismégiste) de l’ancienne Grèce et de l’ancienne Égypte. Cela signifie que toute chose, y compris matériel est une création de l’esprit sous une forme focalisée. 

Donc que la pensée par l’énergie qu’elle met en mouvement a une puissance et une force de création incommensurable.

Dans l’hymne de la création du Rig Veda, on retrouve cette notion liée au souffle créateur ou Son primordial « Om »:

« Au début 

il n’y avait ni existence ni non existence ,

Ce monde n’était qu’une énergie non manifestée,

L’un est mis un souffle, sans souffler, par son propre pouvoir il n’y avait rien d’autre… »

 La pensée représente une puissance considérable notamment de création, mais aussi de préservation et de dissolution.

C’est pourquoi nous devons apprendre à travers nos pratiques corporelles et méditatives à en faire bonne usage pour nous et pour les autres, puisque l’énergie suit la pensée, dans le bon comme dans le mauvais sens. 

Notre responsabilité et notre but en tant qu’humain, du point de vue des grands sages est de trouver une forme de paix qui dépasse tout entendement. 

Selon les traditions on peut parler de :

  • Trouver l’éveil 
  • Chercher le royaume de Dieu
  • Se libérer
  • Obtenir le satori
  • Réaliser Dieu
  • S’illuminer

Comment utiliser l’énergie suit la pensée pour aller vers ce but ?

 C’est en fait tourner notre pensée vers le plus haut idéal humain ou divin et faire de notre vie une création parfaite en l’harmonisant au sens de la Vie même, au « but » de l’univers.

Nous ne sommes plus alors dans une notion de lutte, ou de combat dans notre vie, mais nous nous laissons porter par le courant avec confiance.

Cela n’exclue pas cependant, au début, des efforts conscients pour dépasser notre mental inquiet qui nous dit que nous avons mieux à faire que d’être un avec la Vie.

C’est pourquoi une pratique régulière est nécessaire pour trouver le « courage » d’entrer dans le courant.

C’est souvent le contraire que nous propose notre société occidentale, basée sur la compétition, les luttes de pouvoir, le statut social, la recherche de biens sans fin, l’exploitation de la nature, la raison du plus fort, le profit personnel.

Le piège de la loi d’attraction

 On entend beaucoup parler de la loi d’attraction, qui est un corollaire de la loi de l’énergie et de la pensée sous sa forme de création comme évoquée plus haut.

Il y a de multiples stages, des séminaires, des livres, des sites internet sur ce sujet.

 On peut y entendre, « tu peux attirer à toi tout ce que tu désires », richesse, gloire, succès, santé, pouvoir, biens matériels etc…

 C’est tout à fait exact, cela fait partie de notre possibilité.

 Ce que l’on oublie de dire, c’est que toutes ces choses nous éloignent du but de notre vie si elles ne s’incluent pas dans une démarche authentiquement spirituelle.

Ma  Anandamayi l’exprime ainsi : 

 « Vous priez Dieu de vous accorder les bonnes choses de ce monde, et c’est pourquoi, il vous illusionne avec les richesses, famille, amis, position sociale etc…  qui vous font oublier le véritable trésor.

  Chercher Le seulement pour Sa grâce et Son amour et certainement vous Le trouverez ».

 C’est exprimé encore plus simplement dans « Un cours en miracles » qui rappelle que toute pensée est une prière et ainsi que l’on reçoit ce que l’on demande mais que « tous les autres buts se font au dépend de Dieu »

Ma Anandamayi - Utilser la prière avec sagesse

Cela peut demander aussi la foi en cette phrase des évangiles :  «Chercher le royaume des cieux et tout le reste vous sera donné de surcroît ». 

Ce royaume qui en fait se trouve à l’intérieur de chaque personne.

 Cette quête personnelle n’est en rien égoïste, car en définitive elle nous amène à un amour et une bienveillance envers toute l’humanité ainsi que la nature et tous les êtres sensibles.

 » Quand nous aurons trouvé notre Soi, nous verrons que nous sommes un avec toute l’humanité, que nous partageons le même Atman, le même souffle de vie. »

N’hésitez pas à commenter et partager votre expérience.

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Fabrice Buonanno

Je pratique et j’enseigne le Kiko depuis plus de 30 ans
Le Kiko (Qi Gong en japonais) est issu des pratiques internes des arts martiaux japonais et a pour but d’harmoniser le corps, le souffle (respiration, énergie) et l’esprit.
Le Zen et le Shinto ont considérablement influencé les arts martiaux japonais et en ont fait une Voie vers l’Unité.
Le Kiko intègre naturellement ces influences et peut être considéré comme une méditation en mouvement qui nous plonge avec douceur et intensité dans la conscience du moment présent.
J’ai enrichi depuis 30 ans ma pratique personnelle par des enseignements sur les philosophies et pratiques orientales, Taoïsme, Bouddhisme, Yoga, Védisme, arts martiaux.
J’enseigne en salle, je donne des cours en ligne et j’organise des stages à Montpellier, Paris et l’été dans les Cévennes.

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Cet article a 2 commentaires

  1. Payeras Maryline

    Merci Fabrice pour cet article véritable guide. Une passage m enseigne profondément celle sur l énergie où il ne s agit pas de se focaliser sur son ressenti car cela aussi fait expérimenter de la crispation et annule ce qui a pu être circulation. C est de cet enseignement que le mental a besoin actuellement pour s alléger. Merci. Cela me fait penser également à des enseignements que l on peut lire à la fin d un ouvrage L incendie du coeur un chant tantrique de Daniel Odier. Un maître avant de mourir confie à son élève :  » Laisse aller la pensée où bon lui semble sans aller jusqu au point où tu crois que c est ta pensée. Sois comme une plume légère dans un haut défilé montagneux: portée par les courants chands, elle monte, poussés par les courants froids elle descends. Elle virevolte de gauche et de droite mais ne conçoit pas que ce mouvement est issu de sa propre volonté. « 

    1. Fabrice

      Merci Maryline pour ce commentaire.
      Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet. Merci pour le passage du Livre de Daniel Odier. Parfois la poésie est ce qui nous rapproche le plus ce cette grande vérité presque indicible… Bonne journée.

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