Les 4 étapes de l’apprentissage

Dans les arts martiaux, les pratiques corporelles, le Qi Gong ou la méditation, on a coutume de distinguer 4 étapes principales de l’apprentissage.

On peut retrouver ses 4 étapes de l’apprentissage dans d’autres domaines d’activité, loisirs, travail, cuisine…

Quelles sont les 4 étapes de l’apprentissage ?

  1. Etre inconsciemment incompétent
  2. Etre consciemment incompétent
  3. Etre consciemment compétent
  4. Etre inconsciemment compétent

Dans les arts martiaux on utilise souvent l’expression suivante qui correspond aux 3 dernières étapes :

  • Apprendre la technique
  • Maîtriser la technique
  • Oublier le technique

 

Etape 1 : Être inconsciemment incompétent : « je ne sais pas que je ne sais pas »

Cette phase est caractérisée par une « ignorance » ou une inconscience assez importante qui ne pose le plus souvent que peu de problème, ou qui en pose sans que la personne s’en rende compte.

Par exemple : Je chante faux mais je ne me rends pas compte que je chante faux. Si je ne chante pas ou tout seul dans ma salle de bain, cela ne porte pas à conséquence.
Par contre si je  veux chanter dans un groupe ou en public, cela peut devenir problématique, si je ne me rends toujours pas compte que je chante faux ou que je reste persuadé de chanter juste malgré le fait que des personnes viennent me dire que j’ai un problème de justesse.

A ce moment la situation devient un peu plus délicate, l’orgueil peut venir aussi aggraver les choses.

On retrouve classiquement ce genre de comportements avec les langues étrangères, certains sports (je crois que je nage super bien mais en fait je m’agite de manière anarchique dans l’eau), ou chez les jeunes enfants, mais là c’est beaucoup plus innocent et mignon …

Dans le cas de la méditation (un sujet délicat et profond), on peut retrouver classiquement des personnes qui croient savoir méditer, ou maîtriser la méditation, mais qui en ont une idée fausse ou qui n’ont pas suivi les enseignements appropriés.

Etape 2 : Être consciemment incompétent : « je sais que je ne sais pas »

Pour certaines personnes, cette phase est un peu difficile dans le sens où cela peut venir toucher notre égo : Je me rends compte que je nage comme un crabe et je me sens mal avec ça. Cependant, c’est une opportunité nouvelle et joyeuse de pouvoir apprendre quelque chose de nouveau.

C’est la phase qui permet l’apprentissage ! C’est donc une phase cruciale des 4 étapes de l’apprentissage.

Je sais à présent que j’ai plein de choses à apprendre et cela me motive ou m’intéresse. (Voir l’article sur la joie de l’apprenant).

C’est parfois aussi prendre conscience que nous sommes compétents dans certains domaines et que nous avons aussi des lacunes dans d’autres domaines.  Par exemple, je commence à maitriser le dessin mais je ne sais pas encore harmoniser les couleurs et poser les ombres et les lumières sur mon tableau.

C’est pendant cette étape que nous allons chercher des nouveaux enseignements, agrandir notre champ d’expérience et de conscience. C’est la phase : J’apprends la technique.

C’est le moment de prise de conscience de nos défauts et de nos qualités, de ce que nous savons et ne savons pas encore faire.

Cette étape peut aussi nous ramener à l’attitude et l’état d’esprit du débutant. Aborder les choses avec un esprit ouvert et neuf, savoir que nous avons encore des choses à apprendre est extrêmement important pour les pratiquants et les enseignants de disciplines corporelles et méditatives.

Ce qui nous mène à …

Etape 3 : Être consciemment compétent : « Je sais, et je sais que je sais »

Je suis pleinement conscient de ce que je fais au moment où je le fais.

Cela correspond à la phase de la maîtrise de la technique.

En Qi Gong, par exemple, cela pourra passer par la conscience d’un mouvement, de l’intention, de la circulation de l’énergie, de la respiration et des éléments connectés avec le mouvement :
Je fais un geste, je sais pourquoi je le fais, quelles sont les implications, comment mon esprit s’harmonise avec le mouvement.

Cette étape est très satisfaisante en tant que pratiquant et indispensable en tant qu’enseignant. Elle permet de mettre notre conscience et notre cœur dans la discipline que nous pratiquons ou enseignons.

Pour la plupart d’entre nous, arriver à ce point de maîtrise, constitue l’apogée d’un apprentissage, ce qui n’est pas loin d’être vrai.

Etape  4 : Être inconsciemment compétent :  Oublier la technique.

Les choses se sont intégrées en nous et nous ne faisons pas d’efforts conscients pour les exprimer avec une parfaite justesse dans le moment présent.

Nous sommes dans un état naturel, en lien avec notre être profond, et depuis cette connexion au centre de notre être, tout se met en place sans que nous ayons à choisir telle ou telle chose.

Au-delà de la pleine conscience qui caractérise l’étape antérieure, on peut dire que nous touchons à la pure conscience.

Dans le Zen, on appelle cet état : « Muchotoku », gratuitement, sans but ni esprit de profit. Quand Taisen Deshimaru parle de faire les choses naturellement, inconsciemment, c’est à cet état qu’il fait référence : « Les arts martiaux ne constituent pas un sport ou une technique.  Pour comprendre les arts martiaux, il faut être sans but. C’est lorsque l’on est désintéressé que l’on devient profond. C’est pourquoi à un certain niveau dans l’expérience des arts martiaux, il est indispensable de pratiquer za-zen (méditation assise). »

Haruchika Nogushi l’exprime ainsi quand il parle de la pratique du Katsugen-undo : « Sans technique, sans connaissance, sans but ».

On ne fait pas les choses pour obtenir quelque chose ou un résultat, on est simplement en accord avec notre état naturel qui est lui-même en harmonie avec l’univers.

Notre état naturel est aussi appelé la nature de Bouddha, l’esprit d’éveil, la grâce, le Soi, la pure potentialité, l’état non-duel, la nature divine etc… selon les différentes philosophies ou traditions.

Plus nous approchons de cet état de conscience, de ce pur esprit, plus nous pouvons créer autour de nous une ambiance rayonnante, bienfaisante, fécondante.

Pour arriver à cet état d’esprit qui est parfois celui des tout petits enfants, nous avons besoin de lâcher le mental, d’épurer notre ego afin de retrouver l’acte spontané.

Amma l’exprime ainsi :

« Du plus profond de toi-même monte une aspiration intense qui te submerge. Tu as certes préparé le terrain, mais au moment où cela se produit, il n’y a de ta part ni calcul ni effort. L’action ou toute autre chose accomplie possède alors une grande beauté et t’apporte la plénitude. Les autres seront eux aussi très attirés par ce que tu as fait à ce moment-là. En de tels instants, c’est ton cœur qui s’exprime et tu es plus proche de ton être véritable.

En réalité, de tels moments viennent de l’au-delà, au-delà du mental et de l’intellect. Il se produit tout à coup une mise en harmonie avec l’Infini et tu puises à la source de l’énergie universelle. »

En Savoir plus sur Amma

Cet état est accessible à tous, il est notre nature même, à nous de « préparer le terrain » et de le retrouver…

N’hésitez pas à laisser un commentaire ou une réflexion.

Fabrice Buonanno

Fabrice Buonanno

Je pratique et j’enseigne le Kiko depuis plus de 30 ans
Le Kiko (Qi Gong en japonais) est issu des pratiques internes des arts martiaux japonais et a pour but d’harmoniser le corps, le souffle (respiration, énergie) et l’esprit.
Le Zen et le Shinto ont considérablement influencé les arts martiaux japonais et en ont fait une Voie vers l’Unité.
Le Kiko intègre naturellement ces influences et peut être considéré comme une méditation en mouvement qui nous plonge avec douceur et intensité dans la conscience du moment présent.
J’ai enrichi depuis 30 ans ma pratique personnelle par des enseignements sur les philosophies et pratiques orientales, Taoïsme, Bouddhisme, Yoga, Védisme, arts martiaux.
J’enseigne en salle, je donne des cours en ligne et j’organise des stages à Montpellier, Paris et l’été dans les Cévennes.

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Cet article a 2 commentaires

  1. Rebourg Élisabeth

    Merci Fabrice

    Les quatre étapes du Qui Kong
    m’ont fait un bien incroyables
    Je suis de pratique chrétienne et cette vision d’ouverture vers la lumière et le divin me parle
    « se libérer au maximum de son égo du matériel et s’ouvrir à l’amour universel pour être en harmonie avec son être intérieur sont pour moi les fondements universels de vie »
    Merci de m’avoir gardé ds tes liens »

    1. Fabrice

      Merci Élisabeth pour ton commentaire.
      Comme beaucoup d’entre nous mes origines chrétiennes (qui sont la base de ma spiritualité) ne sont pas une limite mais plutôt un plutôt un tremplin vers la sagesse orientale.
      L’Amour universel est partout où nous mettons notre coeur. Je suis heureux que ce texte t’ai rapproché de toi-même.

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