Comment les choses se transmettent

La forme et le vide

La vraie lumière ne resplendit pas.
Elle n’illumine pas sous une forme spectaculaire comme la renommée.

Tradition Zen

Manifesté et Non manifesté

Dans les traditions orientales, on considère les phénomènes selon deux aspects :

  • D’une part ce qui est visible (audible, palpable… par nos 5 sens), qui correspond au « Manifesté » ou à la forme. On l’appelle Shiki en japonais.
  • D’autre part ce qui est invisible (inaudible, impalpable…) qui correspond au « Non manifesté » ou au vide et qui peut être appréhendé par notre sixième sens (la conscience). On l’appelle Ku en japonais.

Le Non manifesté est souvent considéré comme la source, l’origine de la manifestation.

On peut parler aussi d’incréé et de création.

Dans le texte Zen « Hokyo Zan Mai », il est dit :

Minuit est la vraie lumière
L’aube n’est pas claire

Cette phrase vient exprimer à la fois la non dualité des choses, mais aussi l’interpénétration du visible et de l’invisible.
Dans l’obscurité (apparente) nous pouvons trouver la vraie lumière (intérieure).

  • On retrouve cette idée dans le soutra du cœur (ou de la sagesse transcendante) exprimé par le bodhisattva Avalokiteshvara en présence du Bouddha :

« La forme est vide, le vide est forme »

  • Dans les Védas (écritures saintes de l’Inde) il est écrit :
    A partir du Tout, le Tout se manifeste
  • Dans les enseignements d’Hermès Trismégiste (ancienne Grèce et Égypte) :
    S’il est vrai que tout est dans le Tout, il est également vrai que le Tout est dans tout.

Non Manifesté et manifestation sont totalement imbriqués et l’un ne va pas sans l’autre.

Prajnaparamita Sagesse transcendante

Ma Ananda Moyi l’exprime aussi ainsi  (en parlant du Soi) :

Il est dans l’univers tout entier, dans toutes manifestations, dans toutes formes. Tous les noms sont le Sien, toutes les formes Ses formes, toutes les qualités Ses qualités et tous les modes d’existence sont vraiment Lui.

L’expérience est indispensable

Parler du sucre ne donne pas son vrai goût, il faut en manger pour connaître sa saveur.

Cette connaissance est vécue comme une expérience intérieure où le langage n’intervient pas.

Il en est de même dans nos pratiques corporelles ou méditatives, c’est par l’expérience extérieure à savoir le mouvement, la respiration, la méditation que nous allons vivre une expérience intérieure que le langage aura du mal à traduire.

Mais il est nécessaire de s’engager dans la pratique, sinon rien ne se passe.

Cela aussi est un magnifique paradoxe à concilier.

Nous n’avons nul besoin de faire quoi que ce soit pour être ce que nous sommes en réalité dans notre nature essentielle (non manifestée), cependant nous avons besoin de vivre l’expérience, de sentir ce que cela fait d’être cela, pour actualiser ce potentiel, donc le manifester et en prendre pleinement conscience.

C’est ce qui nous attire et nous procure tant de joie dans notre pratique personnelle (Qi Gong, art martial, Yoga, méditation…).

Nous venons à nouveau refaire cette expérience incroyable de nous sentir profondément vivant, relié au Tout, « plein du seul vide » comme l’a dit Lao Tseu ou encore une expression du Non manifesté.

méditation divinités

Cela nous demande d’être attentif à notre corps, à notre ressenti, nos sentiments et notre esprit pendant que nous pratiquons avec tout notre cœur, tout en étant dans un état de lâcher prise, sans esprit de profit ou de but à obtenir.

La transmission dans la pratique

Pendant que apprenons ou enseignons des mouvements, des enchainements (Katas), que nous sommes dans le domaine de la forme (du manifesté), nous recevons ou transmettons en même temps tout ce qui est contenu dans la forme à savoir le non manifesté.

Cette transmission subtile, énergétique, invisible se fait au début consciemment puis ensuite, automatiquement, naturellement, presque inconsciemment.

Elle se fait pendant les exercices ou la méditation elle-même, à la fois entre l’enseignant et le pratiquant, mais aussi directement par l’énergie de la pratique.

Cette transmission correspond à une compréhension qui n’est pas intellectuelle, qui est la véritable sagesse (non manifesté) au-delà de l’intelligence personnelle.

Adi Shankaracharya transmet à ses disciples
  • En tant qu’enseignant, c’est à chaque fois une joie profonde et un émerveillement quand je sens que cette sagesse-compréhension est à l’œuvre dans le groupe ou avec un pratiquant pendant les cours et les stages.
  • Je crois que c’est vraiment pour cela que je transmets cet art, ou encore que cet art se transmet à travers moi.

Je remercie ici tous mes enseignants qui m’ont transmis dans le visible et l’invisible, qui ont été les instruments de la Source Une vers une plus grande ouverture de la conscience et du cœur.

Fabrice

Fabrice Buonanno

Fabrice Buonanno

Je pratique et j’enseigne le Kiko depuis plus de 30 ans
Le Kiko (Qi Gong en japonais) est issu des pratiques internes des arts martiaux japonais et a pour but d’harmoniser le corps, le souffle (respiration, énergie) et l’esprit.
Le Zen et le Shinto ont considérablement influencé les arts martiaux japonais et en ont fait une Voie vers l’Unité.
Le Kiko intègre naturellement ces influences et peut être considéré comme une méditation en mouvement qui nous plonge avec douceur et intensité dans la conscience du moment présent.
J’ai enrichi depuis 30 ans ma pratique personnelle par des enseignements sur les philosophies et pratiques orientales, Taoïsme, Bouddhisme, Yoga, Védisme, arts martiaux.
J’enseigne en salle, je donne des cours en ligne et j’organise des stages à Montpellier, Paris et l’été dans les Cévennes.

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