Les 3 étapes pour recevoir un enseignement
Afin de recevoir intégralement un enseignement oral ou écrit, on peut considérer qu’il y a 3 étapes principales :
- Écouter,
- Comprendre,
- Pratiquer
En portant notre attention consciemment sur chacune des étapes et en réalisant où nous en sommes dans le processus nous pourrons assimiler plus facilement et en même temps approfondir notre compréhension.
On pourra argumenter que ce processus est naturel et que l’on n’a pas besoin d’y penser, ce qui est vrai. Seulement, on peut avoir tendance à arrêter le processus en cours de route, passer à un autre sujet, et ainsi survoler tout un tas d’enseignement sans jamais entre dans une compréhension totale, ce qui nuit à notre avancement.
A l’inverse, si l’on a acquis une compréhension profonde d’un sujet, cela nous donne à la fois un sentiment de satisfaction, une confiance en nous aide pour aborder d’autres sujets avec souvent une plus grande facilité ou aisance.
Etape 1 : Écouter, Lire, regarder :
La première étape est celle que nous utilisons le plus quotidiennement de manière assez peu consciente.
Nous regardons, écoutons ou lisons des informations, qui constituent pour nombres d’entre elles un enseignement de plus ou moins grande valeur.
Nous sommes assez passifs sur la manière dont nous « absorbons » ces informations. C’est souvent ce qui se passe quand nous écoutons la radio, regardons la télévision, lisons des magazines, ou participons à des conversations. Cependant ces informations peuvent constituer un enseignement.
Qu’en faisons nous réellement ? Est-ce que cela nous enrichit réellement, ou vient se rajouter dans les étagères de notre cerveau….
Là où la chose devient plus intéressante c’est quand nous décidons consciemment de recevoir un enseignement ou de faire une recherche. Nous devenons plus actifs.
C’est ce que nous faisons quand :
- Nous faisons des études,
- Nous suivons des formations pour notre travail,
- Nous allons nous renseigner sur des sujets divers,
- Nous achetons un livre sur un sujet qui nous intéresse.
Ce type d’enseignement nous apporte de la connaissance intellectuelle et des informations.
Sans aller plus loin, il peut s’agir à nouveau d’une accumulation de savoir qui nourrit ou encombre l’intellect sans rien apporter de plus.
Malheureusement c’est ce qui constitue une grande partie de l’enseignement scolaire ou universitaire et c’est ce qui rend les années d’écoles et d’études souvent longues et ennuyeuses.
Cette accumulation de savoir reste souvent stérile ou nous permet d’alimenter des conversations qui restent au niveau intellectuel sans réel vécu. Nous avons beaucoup d’opinions et d’avis, des informations dans plein de domaines.
Les questions qui se posent alors sont :
- Qu’en faisons-nous ?
Et
- Est-ce que nous avons intégré ces informations personnellement ?
Lao Tseu, le grand sage chinois exprime laconiquement cette accumulation en disant :
« Un grand savoir ne connait rien »
Etape 2 : La compréhension de l’enseignement :
Il s’agit d’une intégration plus profonde.
Cela vient révéler, confirmer, ou infirmer ce que nous avons déjà vécu.
C’est-à-dire que nous venons confronter une information extérieure avec une compréhension intérieure déjà acquise. Cela crée parfois une friction, une résistance, ou vient confirmer quelque chose que nous croyons ou connaissons déjà.
A des moments c’est comme quand une lumière s’allume dans notre esprit et que nous nous disons : « Ah, oui ! – C’est ça ! « .
Il s’agit ici de la compréhension du sens de ce que nous avons entendu.
Cela vient parfois entrer en résonance avec une vérité intérieure dont nous n’avions pas tout à fait conscience mais qui était déjà là…
Cette phase de compréhension est comme une infusion du savoir dans notre être.
Ce n’est pas juste quelque chose que nous avons entendu et que nous pouvons répéter : Nous le savons.
Transmission et initiation dans le Bouddhisme Tibétain
Dans le Bouddhisme Tibétain, quand un Lama donne un enseignement (par exemple : sur la compassion) il fait également une transmission énergétique de la compréhension de cet enseignement. Cette transmission est subtile mais bien réelle et correspond à une sorte d’infusion du savoir, comme évoqué plus haut.
Cela peut prendre la forme plus symbolique et en même temps très concrète d’une initiation à Chenrezi (pour la compassion) qui donne l’énergie de la lignée au disciple correspondant à ce Boddhisatva. Le Dalaï Lama étant considéré lui-même comme une émanation de Chenrézi.
Cette initiation donne l’énergie de départ pour que celui qui l’a reçue commence une pratique régulière de la compassion. Sans pratique, l’initiation (qui signifie : début) reste « lettre morte ».
Parfois, les occidentaux veulent multiplier les « initiations » Bouddhistes ou autres, sans finalement prendre le temps d’intégrer et de mettre en pratique.
Je me souviens d’une retraite avec le Gyalang Drukpa qui devait se terminer par une initiation. Il nous a donné 3 jours d’enseignements en insistant sur l’amour et l’importance de la pratique et au final il est parti sans donner l’initiation ! Quel incroyable enseignant !
Etape 3 : La mise en pratique :
Il s’agit ici d’utiliser le savoir pour nous transformer et de faire l’expérience personnelle de ce savoir.
Parfois des personnes confondent le fait de connaître quelque chose et de l’avoir expérimenté ou de le pratiquer.
Voici un exemple concret :
- Nous pouvons avoir entendu parler de personnes sachant nager,
- Nous pouvons développer une compréhension des lois physiques qui permettent au corps de flotter
- Nous pouvons avoir une grande connaissance des techniques de nage,
Cela ne fait pas de nous un bon nageur.
La mise en pratique nous demande un engagement supérieur !
Nous aurons besoin de rentrer dans l’eau et d’apprendre réellement la nage, sinon cet enseignement restera théorique.
Par la mise en pratique, vous approfondissez l’enseignement et vous en faites réellement quelque chose.
L’enseignement par la pratique :
On peut aussi apprendre à nager directement sans passer par la case compréhension.
C’est ce que font les enfants la plupart du temps.
C’est également comme cela que nous apprenons notre langue maternelle.
Nul besoin de connaissances, de théorie, de compétences ou d’aptitudes particulières. J’aime à dire à ceux qui trouvent que l’apprentissage d’une langue est compliqué que « même si le plus bête des anglais arrive à parler sa langue, alors toi aussi tu peux le faire ».
Par l’expérience directe, nous pouvons ainsi acquérir une partie des enseignements théoriques.
Plus de Bla-Bla …
Ce sera alors une compréhension personnelle, peut-être différentes des autres personnes, mais tout à fait juste pour nous.
Cela nous permettra aussi, si nous le souhaitons, de partager avec d’autres personnes depuis un point de vue beaucoup plus authentique.
En occident, nous voulons toujours tout comprendre avant d’expérimenter. Cela crée une course effrénée voire une avidité de connaissances.
En Asie ou sur d’autres continents ou l’intellect a pris moins d’importance on sait très bien faire la différence et passer par l’expérience pour enseigner.
Dans les arts martiaux japonais, cet apprentissage par l’expérience se résume par la boutade suivante :
« Au début, cela ne sert à rien de parler de quelque chose que l’on ne connait pas. Il faut pratiquer.
Avec la pratique vient la compréhension.
Puis, une fois que l’on a compris, alors parler ne sert plus à rien ! »
Remerciements à Tenzin Wangyal Rinpoché qui m’a inspiré cet article.
En savoir plus sur Tenzin Wangyal Rimpoché.
Cet article a 2 commentaires
Fabrice,
C’est toujours un plaisir de te lire et de « sentir » ce qui passe à travers ces enseignements.
Chacun de nous a sa propre définition ou expérience d’un enseignement mais quand on en parle, on parle de ce que l’on va vécu en 1er puis ensuite de ce que cela nous a permis de comprendre et/ou changer en nous…
En tout cas, cet article résonne en moi et me conforte dans une certaine philosophie de vie!
Amicalement,
David
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