Marcher sur le tronc, c’est l’esprit qui compte !

Taisen Deshimaru raconte :

le célèbre maître Zen qui est venu enseigner en France et en Europe dans les années 70 avait une grande connaissance des arts martiaux.

La Voie du Zen et des Arts martiaux

Dans son livre Zen et Arts martiaux il raconte l’histoire d’un samurai qui cherchait à obtenir la vraie Voie du sabre. Cette Voie dont parle aussi Deshimaru est la même que la voie du Zen, des Arts martiaux, elle est tout simplement la grande Voie (Do, Tao) que l’on emprunte dans le Kiko.

Voici l’histoire du samouraï qui vint voir le légendaire maître Miyamoto Musachi :

Il lui demanda de lui enseigner la véritable voie du sabre. Ce dernier accepta. Devenu son disciple, Le Samouraï passait son temps, sur l’ordre du maître, à porter et couper du bois, aller chercher de l’eau à la source lointaine. Et ce, tous les jours, durant 1 mois, 2 mois, 1 ans, 3 ans. Aujourd’hui, n’importe quel disciple se serait enfui au bout de quelques jours, quelques heures même. Le Samouraï, lui, continuait, et en fait, entraînait ainsi son corps. Au bout de 3 ans, il n’y tint toutefois plus, et dit à son maître :  Mais quel entraînement me faites-vous là subir ? Je n’ai pas touché un sabre depuis mon arrivée ici. Je passe mon temps à couper du bois à longueur de journée et apporter de l’eau. Quand m’initierez-vous ?

Bon, bon, répondit le maître. Je vais vous apprendre la technique puisque vous le désirez. Il le fit entrer dans le dojo, et, chaque jour, du matin au soir, lui ordonna de marcher sur le bord extrême du tatami et de faire ainsi, pas à pas, sans se tromper, le tour de la salle. C’est exactement la façon de marcher que l’on doit prendre en Kendo. Le maître lui apprenait ainsi la concentration sur la marche. Se concentrer sur un acte, le faire parfaitement. Car les détails de la technique, les trucs, les passes, sont en fait secondaire par rapport à la concentration. S’il on est suffisamment concentré, un seul geste suffit. Donc le disciple marcha ainsi un an le long du bord du tatami. Au bout de ce temps, il dit au maître : «  Je suis un samouraï, j’ai beaucoup pratiqué l’escrime, et rencontré d’autres maître de kendo. Aucun d’eux m’a enseigné comme vous le faites. Apprenez-moi enfin, s’il vous plaît, la vraie voix du sabre ».

Bien, dit le maître, suivez-moi. Il l’emmena loin dans la montagne, là où se trouvait une poutre de bois traversant un ravin d’une profondeur inouïe terrifiante. Voilà, dit le maître, il vous faut traverser ce passage. Le Samouraï disciple n’y comprenais plus rien et face au précipice, hésitait, ne sachant plus que faire.

Tout d’un coup ils entendirent toc toc toc, le bruit d’un bâton d’aveugle derrière eux. L’aveugle, sans tenir compte de leur présence, passa à côté d’eux et traversa sans hésitation en tapotant de son bois la poutre qui franchissait le ravin. Ah pensa le samouraï je commence à comprendre. Si l’aveugle traverse ainsi, moi-même, je dois en faire autant. Et le maître lui dit à cet instant : « Pendant un an, tu as marché sur le bord extrême du tatami qui est plus étroit que ce tronc d’arbre, alors, tu dois passer. ».  Il comprit et traversa d’un coup le pont.

L’esprit est le plus important.

Voilà, l’entraînement était complet, celui du corps pendant 3 ans, celui de la concentration sur une technique pendant 1 ans et celui de l’esprit face au ravin face à la mort.

 

L’énergie suit la pensée :

Dans la pratique de Kiko Zen, je répète régulièrement cette phrase car elle contient en elle-même une grande vérité.

L’énergie est Ki, la vie, le souffle humain et divin, l’énergie du microcosme et celle de l’Univers.

Cette phrase contient des implications sur tous les plans de conscience.

Si l’énergie suit la pensée, alors c’est donc ultimement notre esprit ou l’Esprit qui est le plus important car il décidera de la direction  donnée à une action, de son succès ou de son échec, du chemin de notre vie et du fait que nous nous dirigeons vers la Voie.

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Fabrice Buonanno

Je pratique et j’enseigne le Kiko depuis plus de 30 ans
Le Kiko (Qi Gong en japonais) est issu des pratiques internes des arts martiaux japonais et a pour but d’harmoniser le corps, le souffle (respiration, énergie) et l’esprit.
Le Zen et le Shinto ont considérablement influencé les arts martiaux japonais et en ont fait une Voie vers l’Unité.
Le Kiko intègre naturellement ces influences et peut être considéré comme une méditation en mouvement qui nous plonge avec douceur et intensité dans la conscience du moment présent.
J’ai enrichi depuis 30 ans ma pratique personnelle par des enseignements sur les philosophies et pratiques orientales, Taoïsme, Bouddhisme, Yoga, Védisme, arts martiaux.
J’enseigne en salle, je donne des cours en ligne et j’organise des stages à Montpellier, Paris et l’été dans les Cévennes.

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Cet article a 4 commentaires

  1. coulon

    cette Parabole me parle .Je pratique le Tai Chi CHUAN depuis Septembre 2018.La compréhension des mouvements fut parfois compliqué.
    Je suis toujours dans l’appritissage de la forme..
    Avec une pratique quotidienne:les bienfaits sont là qu’is soient physiques ou psychiques.
    La répétition des mouvements est essentiels.
    Merci à vous pour ce texte très inspirant

    1. Fabrice

      Merci Joelle,
      Comme le disait Yvan Amar, la pratique est une suite d’efforts inutilement nécessaires.
      Même si la forme est importante, en KikoZen vous êtes également invités à lâcher le concept de « perfection » ou de « bien faire » pour rentrer dans l’essence de la forme, faire un avec l’énergie. Bonne pratique à vous.

  2. GAVELLE

    patience et longueur de temps….

    1. Fabrice

      C’est en effet un curieux mélange de patience et de préparation pour tout accomplir en un instant !

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