Pratiquer la générosité

La pratique du don comme première des qualités

Dans la plupart des traditions spirituelles orientales, pratiquer la générosité ou le don a une place prédominante.

Dans la prière bouddhiste du refuge il est énoncé :
« Par le mérite engendré par ma pratique du don et des autres perfections, puissè-je réaliser l’éveil pour le bien des êtres. »

Pratiquer la générosité est ici mise en premier par rapports aux autres perfections (Paramitas) qui sont :

  • Le discernement (éthique, intégrité)
  • La patience (tolérance, non jugement)
  • L’énergie (effort ou discipline joyeuse)
  • La méditation (concentration, présence)
  • La sagesse (intégration de la connaissance, vision juste)

En savoir plus sur les Paramitas

Dans le Taoïsme la pratique de la Voie est décrite ainsi :

« La voie du Sage est d’agir généreusement, sans opposition (combat). Accordant tout, il reçoit toujours plus. Donnant tout, il reçoit encore plus. »

Et en occident, les Evangiles disent : « Vous avez reçu sans mesure, donnez sans compter ».

Pourquoi  pratiquer la générosité est-elle une qualité essentielle ?

Quand nous donnons, nous actualisons dans la matière la qualité de la générosité et donc nous renforçons dans notre esprit deux prédispositions fondamentales :

  1. Le Détachement
  2. La Foi (ou confiance en la Vie)

L’attachement est considéré par les bouddhistes comme une des causes principales de la souffrance, donc un des obstacles majeurs au bonheur

  • Cet attachement se manifeste au niveau de la matière par les possessions, le désir d’avoir plus, la peur d’être séparé de ce que nous aimons ou considérons comme nôtre.
  • Cet attachement se manifeste aussi au niveau de l’esprit par notre ego, notre image, nos pensées, nos points de vue, nos connaissances, nos croyances. De tout ce que l’on considère comme « mien » ou « à moi ».

En posant un acte de générosité, c’est comme utiliser un antidote au poison de l’attachement et au gonflement de notre ego : Une personne n’est pas plus importante qu’une autre. Je peux partager, ou offrir tout ce que j’ai avec l’autre.

On expérimente la tranquillité et la joie du détachement et du don même si cela peut être un vrai défi ou une difficulté au départ.

Pratiquer la générosité régulièrement est comme un baume : On s’adoucit et on ouvre notre cœur, on diminue sensiblement la souffrance de l’attachement, de la perte, de l’égoïsme, du chacun pour soi.

pratiquer la générosité

La Foi ou la confiance en la Vie est quant à elle un antidote à la peur de manquer, à notre besoin compulsif de sécurité, d’accumulation, de conservation et à notre incapacité à lâcher prise.

Pourquoi gardons-nous tant de choses dont nous n’avons pas besoin si ce n’est par peur d’en manquer demain ?

La peur de manquer, de vouloir se sécuriser sur l’avenir est « l’affliction mentale » sur laquelle se base tout notre modèle de société de consommation et de gaspillage, d’oubli du partage et du sacré : Je me sers avant qu’il n’y en ait plus, j’en garde de côté pour plus tard, je m’assure contre la vieillesse, la maladie, le vol, les incendies, les accidents, la vie, la mort….
Nous renforçons ainsi notre peur et souffrons d’une angoisse permanente liée à la peur du lendemain.

Par la pratique de la générosité nous affirmons que nous avons reçus, que nous pouvons donner et partager et que nous continuerons à recevoir pour à nouveau pouvoir donner.
Nous utilisons le flot d’énergie de la vie et nous le faisons circuler au lieu de le bloquer.

Dans la pratique du Kiko Zen, tous les mouvements où nous faisons circuler l’énergie dans le corps, ou nous échangeons le Ki avec l’extérieur réaffirment inconsciemment cette dynamique du don.

Nous n’accumulons rien, nous prenons puis relâchons, nous profitons juste de la circulation pour élever notre corps et notre esprit en vibration.

Comment pratiquer la (avec) générosité

Dans notre pratique personnelle ou de Qi Gong il s’agira d’être dans un état d’esprit particulier :

  • Dans le moment présent (libre du passé et du futur)
  • Sans esprit de profit (avec détachement)
  • Pratiquer avec tout son cœur et son esprit
  • Rester en ouverture au nouveau
  • Favoriser l’abandon confiant

Dans la vie de tous le jours la générosité peut se pratiquer :

  1. De façon matérielle : offrir des biens ou de l’argent, partager de la nourriture, nos affaires, donner de notre temps etc…
  2. Elle peut se pratiquer de façon plus symbolique : offrir un sourire, de la lumière (bougie ou lampion), un compliment, de l’encens…
  3. Elle peut se pratiquer de façon plus subtile : offrir une prière, une intention, un souhait.
offrande de lumière

Comment enseigner avec générosité

En ce qui me concerne je suis parfois tiraillé entre le désir de transmettre, la peur d’aller trop vite, parfois le désir de garder pour moi des choses plus secrètes ou « avancées », le questionnement sur le moment juste pour moi ou pour mes élèves.

Je prends alors le temps de réfléchir et de réaliser tout ce que j’ai reçu : la qualité des enseignements et la générosité de mes instructeurs ou maîtres.
Je me rappelle alors qu’en fait je suis surtout là pour retransmettre et faire circuler de l’énergie sous forme de savoir ou de techniques, d’enseignements…
Quand je me souviens combien j’ai eu de chance de recevoir tous ces cadeaux, je sens naturellement l’envie et la joie de redonner, de faire profiter les autres.

Cela n’empêche pas d’utiliser le discernement et la sagesse mais dans cet élan de générosité.

Khalil Gibran dans « Le Prophète » nous dit :

On donne peu quand on ne donne pas de soi

Quand nous enseignons, nous ne faisons pas seulement que transmettre des mouvements, des techniques… nous donnons en plus une part de nous-même, de notre compréhension, de notre amour, de notre attention à l’autre.

C’est pourquoi j’aime tant « donner » des cours, car il y a un échange dans la relation à l’autre, dans le moment présent qui se renouvelle d’instant en instant et qui nous met en contact avec la Vie. Cela donne un goût particulier et unique à la transmission.

 N’hésitez pas à laisser un commentaire ou une réflexion.

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Fabrice Buonanno

Je pratique et j’enseigne le Kiko depuis plus de 30 ans
Le Kiko (Qi Gong en japonais) est issu des pratiques internes des arts martiaux japonais et a pour but d’harmoniser le corps, le souffle (respiration, énergie) et l’esprit.
Le Zen et le Shinto ont considérablement influencé les arts martiaux japonais et en ont fait une Voie vers l’Unité.
Le Kiko intègre naturellement ces influences et peut être considéré comme une méditation en mouvement qui nous plonge avec douceur et intensité dans la conscience du moment présent.
J’ai enrichi depuis 30 ans ma pratique personnelle par des enseignements sur les philosophies et pratiques orientales, Taoïsme, Bouddhisme, Yoga, Védisme, arts martiaux.
J’enseigne en salle, je donne des cours en ligne et j’organise des stages à Montpellier, Paris et l’été dans les Cévennes.

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Cette publication a un commentaire

  1. Serge Mouska

    Merci Fabrice pour la profondeur et là légèreté de ce texte, il m’a permis de me poser, de méditer et être en paix
    Être au service, et pratiquer le don de soi
    Merci. Gratitude

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