Règles de Vie des Arts Martiaux

Budo, la Voie du Guerrier

Traditionnellement, au Japon, le Samouraï qui s’engageait dans le Budo (La voie des arts martiaux, du guerrier), ne s’engageait pas seulement à s’entrainer pour acquérir des techniques de combats, mais aussi dans un système d’éducation complet.

Taisen Deshimaru, déjà dans les années 1970 relatait qu’il n’y avait plus beaucoup de Maîtres Zen ou d’arts martiaux au Japon, car ceux-ci ne recevaient plus cette éducation qui comprenait :

  1. La pratique des arts martiaux : Kyudo (voie de l’arc), Kendo (voie du sabre), Ju-jitsu (combat à mains nues) ou autres…
  2. L’étude du Taoïsme
  3. La pratique de la méditation assise (Zazen)
  4. Les enseignements du Bouddha (Sutras)
  5. La médecine traditionnelle chinoise et japonaise
  6. La pratique martiale pouvait même être remplacée ou complétée par un autre art comme l’Ikebana (l’arrangement floral), le Sado (la Voie du thé ou cérémonie du thé), Shodo (la voie de l’écriture ou calligraphie).

Il existe un lien très fort entre les arts martiaux, le Zen et la calligraphie, mais j’en parlerai à un autre moment.

Utilisation des techniques de combat

Dans la plupart des arts martiaux, l’enseignant (Senseï) recommande de ne pas user les techniques en dehors du Dojo (lieu de la pratique).

Aujourd’hui, avec le développement des pratiques de self-défense, de corps à corps, de combat, on apprend aux élève des techniques pour être utilisées en dehors des cours.

Ceci est contraire à l’esprit des arts martiaux.

Je me souviens que dans le premier cours de karaté Go-Juryu auquel je suis allé à 18 ans, l’enseignant nous a dit : « Si j’apprends que quelqu’un s’est servi des techniques qu’on apprend ici, sur une personne à l’extérieur, il sera exclu de l’école ».

A titre d’exemple et pour mieux comprendre ce concept qui parait paradoxal quand on apprend un art martial, voici la mise en garde de maître Egami à Ito Senseï :

« A partir de maintenant, ta vie est ton dojo. Rappelle-toi que plus tu développeras le Karaté dans ta vie, moins tu auras de chance d’avoir à l’utiliser. Alors, si tu es chanceux, tu pourras atteindre un niveau où tu n’auras jamais à utiliser ces techniques pendant toute ta vie. Mais, s’il t’arrivait un accident t’obligeant à mettre en pratique ton Karaté, ce serait un malheur pour toi. A ce moment-là, tu dois être prêt à mourir. »

La règle du guerrier

Cet avertissement d’Egami correspond à la doctrine taoïste :

« Le véritable guerrier n’est pas belliqueux »

Bruce-Lee l’exprimait ainsi : « le combat qu’on a gagné, c’est celui qu’on a pu éviter ».

La vie commence quand s’arrête la pratique

Ce que nous apprenons dans un dojo doit nous servir dans notre vie quotidienne ou nourrir nos comportements, sinon cela serait sans intérêt.

Si ce ne sont pas les techniques de combat ou mouvements que nous allons utiliser, alors qu’est-ce que nous sommes censés apprendre ?

La réponse est simple : En fait c’est tout le reste ! Et c’est principalement la voie de la maitrise de soi et de son esprit, puis progressivement l’union avec tout ce qui est.

On comprend mieux alors le développement dans les arts martiaux au 20ème siècle de techniques de plus en plus souples où la notion d’affrontement et de contact physique avec un adversaire devient secondaire ou inexistante. Si elle est encore présente, elle n’est que le symbole de notre adversaire intérieur ou égo, que nous devons maitriser, jusqu’à obtenir un état de paix et d’harmonie en nous.

Alors les évènements s’harmonisent autour de nous.

C’est exactement dans cet état d’esprit que l’on pratique en Kiko Zen.

Les valeurs des arts martiaux

On pourrait résumer l’ensemble des valeurs que nous apprenons dans un dojo en :  Bienveillance et Respect. Nous apprenons le respect du lieu, de la tenue, de l’adversaire, de l’enseignement, de nous-même…

Ce respect nous amène au sentiment élevé de bienveillance. Les bouddhistes ont l’habitude de l’exprimer sous le nom de compréhension aimante qui exprime un équilibre entre sagesse et compassion.

C’est plus simplement la notion d’Amour telle qu’on la conçoit en occident.

On comprend aisément que ce que nous apprenons dans la pratique, va donc nous servir dans notre vie quotidienne.

Dans les Yogas Sutras de Patanjali, l’observation des règles de vie arrivent avant la pratique corporelle (Asanas) et donc serait comme un préliminaire à l’étape suivante.

Ces règles sont de 2 ordres :

  1. Les règles de vie dans la relation aux autres.
  2. Les règles de vie dans la relation à soi-même.

On retrouve un équilibre entre le bien que l’on fait aux autres et à soi-même.

Trouver un équilibre entre soi et l’autre

Dans notre société, on a parfois tendance à passer d’un extrême à l’autre.

Soit le : Moi d’abord, après moi le déluge, chacun pour soi, l’esprit de compétition gagnant/perdant, la loi du plus fort (justifiée par la règle d’excellence) etc…

Soit : L’autre passe toujours en premier, je ne compte pas, je ne suis pas important, il faut aider les autres avant soi etc… Cela amène parfois à des personnalités non confiantes, sans estime de soi ou tout simplement frustrées.

La parole biblique « Aime ton prochain comme toi-même » nous parle en fait d’un équilibre : A la mesure de l’amour que tu as pour toi, tu pourras aimer l’autre.

Idéalement, il ne devrait y avoir aucune dualité mais plutôt un mouvement circulaire entre moi et l’autre.

Les règles de vie dans le Yoga

Les valeurs que nous venons de voir sont exprimées ainsi dans le Yoga :

Le mot règle ou Yama (Sanskrit) signifie aussi, observance, maitrise, contrôle.

Ces règles s’appliquent donc à la fois envers les autres et nous-mêmes.

  • La non-violence : s’abstenir de faire le mal, le respect de la vie.
  • La vérité : Etre vrai avec soi et les autres, découvrir notre réalité profonde.
  • Le désintéressement : acte gratuit, refus de la convoitise, ne pas jalouser, le détachement.
  • La modération : un équilibre bienfaisant.
  • Le refus des possessions inutiles : Ne pas entasser des biens dont on n’a nul besoin, ne pas s’encombrer, se satisfaire de ce que l’on a.

Patanjali ajoute :

Ces règles sont universelles car elles ne dépendent ni du mode d’existence, ni du lieu, ni de l’époque, ni des circonstances.

ET VOUS ?
Quelles sont les apports de vos pratiques dans votre vie quotidienne ?

Vous pouvez commenter et partager ici vos expériences.

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Fabrice Buonanno

Je pratique et j’enseigne le Kiko depuis plus de 30 ans
Le Kiko (Qi Gong en japonais) est issu des pratiques internes des arts martiaux japonais et a pour but d’harmoniser le corps, le souffle (respiration, énergie) et l’esprit.
Le Zen et le Shinto ont considérablement influencé les arts martiaux japonais et en ont fait une Voie vers l’Unité.
Le Kiko intègre naturellement ces influences et peut être considéré comme une méditation en mouvement qui nous plonge avec douceur et intensité dans la conscience du moment présent.
J’ai enrichi depuis 30 ans ma pratique personnelle par des enseignements sur les philosophies et pratiques orientales, Taoïsme, Bouddhisme, Yoga, Védisme, arts martiaux.
J’enseigne en salle, je donne des cours en ligne et j’organise des stages à Montpellier, Paris et l’été dans les Cévennes.

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